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Question écrite n° 4-3900

de Christine Defraigne (MR) du 11 aôut 2009

au ministre des Affaires étrangères

Vallée de Swat - Situation (Pakistan - Taliban)

Pakistan
terrorisme
intégrisme religieux
réfugié
aide humanitaire

Chronologie

11/8/2009Envoi question (Fin du délai de réponse: 10/9/2009)
8/10/2009Réponse

Question n° 4-3900 du 11 aôut 2009 : (Question posée en français)

Des talibans pakistanais veulent détruire l'État pakistanais et remplacer le régime soufi par une charia archaïque, analogue à celle que pratiqua le régime taliban de Kaboul pendant les pires années.

Behtullah Mehsud, qui a créé le Tehrik-e-Taliban Pakistan, et Maulana Fazlullah, qui dirige le Tehreek-e-Nafaz-e-Shari-e-Mohammadi ont créé un mini État taliban dans la vallée de Swat. Le gouvernement pakistanais a cru bien faire en signant un simulacre d'accord de paix avec eux, avant de se rendre compte qu'il avait été dupé. Sous couvert de demander le rétablissement de la justice traditionnelle, plus efficace que celle de l'Etat, les talibans avaient en réalité un tout autre agenda : commencer par la vallée de Swat, puis étendre à l'ensemble du pays, par bonds successifs, la charia à leur façon.

Depuis la fin avril, l'armée pakistanaise mène une offensive contre ces talibans dans la vallée de Swat. De nombreux civils fuient les combats et se réfugient dans une série de camps entre Islamabad et Peshawar. On cite le chiffre de 3 millions de déplacés et de la plus grave crise humanitaire pour le Pakistan depuis 1947.

Je voudrais connaître les résultats concrets de l'armée pakistanaise : l'accès de la vallée de Swat est interdit aux journalistes étrangers et personne ne peut vérifier les bulletins de victoire de l'armée. A-t-elle commencé à reprendre le contrôle du mini État taliban de la vallée de Swat ?

Une administration civile peut-elle se mettre en place pour répondre aux besoins de la population ? Comment organiser le retour des déplacés et leur assurer un minimum de moyens pour reconstruire leur vie ?

Le Pakistan bénéficie d'une aide considérable de la part de la communauté internationale : une aide humanitaire est-elle transmise à cette région ?

Réponse reçue le 8 octobre 2009 :

- Après quelques mois difficiles et en dépit des récents déplacements chaotiques des populations engendrés par les affrontements entre l’armée et les talibans, la situation dans la vallée de Swat s’est améliorée même si elle n’est pas encore complètement normalisée.

Les talibans ont été vaincus par l’armée pakistanaise et les montagnes ont été investies par celle-ci. L’armée est restée sur place afin de protéger la population locale. Plus de 70 % des IDP’s (Internally displaced persons) sont désormais rentrés chez eux. Dans le district de Swat, la proportion des personnes rentrées chez elles s’élève même à 87 % soit environ 957 000 personnes.

- Une délégation des Nations Unies sur place a, en collaboration avec les autorités provinciales, effectué un examen de la situation en matières de sécurité alimentaire, de santé, d’enseignement et de provision d’eau accessible. Les autorités locales et les branches techniques des ministères sont à nouveau opérationnelles. Bien qu’il y ait encore des escarmouches entre l’armée et les rebelles, la situation sécuritaire générale dans la région n’est pas beaucoup plus grave que dans le reste du pays.

Le “Emergency response Unit” pakistanais, qui a été mis sur pied par le gouvernement central pour prêter assistance aux IDP’s, a été dissout. Les besoins restant sont désormais pris en charge par les autorités provinciales du NWFP (Province Frontalière du Nord Ouest).

Treize camps de réfugiés ont été fermés alors que dix-sept camps éparpillés dans la province sont encore opérationnels. Actuellement les réfugiés sont davantage originaires d’autres districts que celui de la vallée de Swat. Les combats avec les talibans ont en effet principalement lieu dans les FATA (régions tribales administrées au niveau fédéral) comme Sud-Waziristan.

Sur les 4.830 écoles précédemment occupées par les IDP’s, il y en a déjà 1.722 qui ont été réhabilitées par l’Unicef et les organisations non-gouvernementales (ONG) internationales.

L’autorité pakistanaise a offert aux familles rentrant chez elles une aide substantielle d’une valeur de 25 000 roupies pakistanaises (par famille) sous forme de carte de débit et de nourriture pour un mois. Le tout s’élevant à 5,75 milliards de roupies.

- 200 millions d’euros ont été octroyés par la Commission européenne et les Éats membres de l’Union européenne dans le cadre de l’appel international des Nations Unies pour les IDPs. Quant à notre pays, il a donné 500 000 d'euros au Comité International de la Croix Rouge. Le gouvernement pakistanais déclare avoir reçu en tout jusqu’à présent de la communauté internationale la somme de 656 millions de dollars sous forme d’argent liquide, de nourriture ou de matériel.

L’état d’urgence humanitaire est donc encore loin d’être passé, ce que reflète d’ailleurs la récente nomination du Français Jean-Maurice Ripert comme envoyé spécial des Nations Unies pour l’aide au Pakistan.