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Question écrite n° 5-2658

de Karl Vanlouwe (N-VA) du 1 juillet 2011

au vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères et des Réformes institutionnelles

La révolte du peuple au Yémen et l'attitude de l'Europe

Belges à l'étranger
Yémen
violence politique
opposant d'opinion
situation politique

Chronologie

1/7/2011Envoi question
20/7/2011Réponse

Requalification de : demande d'explications 5-749

Question n° 5-2658 du 1 juillet 2011 : (Question posée en néerlandais)

Au Yémen, le président Ali Abdullah Saleh se trouve dans une position de plus en plus précaire depuis qu'une dizaine d'ambassadeurs à l'étranger, des ministres et des généraux lui ont tourné le dos en réaction à la répression sanglante de manifestations de rue au cours de laquelle 50 personnes ont perdu la vie. Le président Saleh a entre-temps limogé son gouvernement mais il sent que l'opposition se renforce de jour en jour.

Le major général Ali Mohsin était l'ancien bras droit du président Saleh et le numéro deux du régime depuis leur prise du pouvoir en 1978. Il a aussi rejoint l'opposition qui l'a désigné comme dirigeant. Il bénéficie aussi du soutien de l'armée et de nombreuses tribus du le pays. On s'attend à ce qu'il occupe temporairement le pouvoir si Saleh démissionne.

Entre-temps, la police se retire d'un nombre de plus en plus élevé de villes, laissant ainsi certaines parties du pays à la dérive. Les bases militaires sont abandonnées, deviennent la proie de la population locale et, on le craint, de la branche locale d'Al Qaeda. Le dimanche 27 mars, il y a eu 78 morts dans la ville de Jaar lors d'une explosion dans une fabrique d'armes dont les rebelles islamistes s'étaient emparés. Dans une déclaration, l'opposition accuse le président Saleh de collaboration avec Al Qaeda en vue d'instaurer le chaos.

Des négociations ont bien lieu sous la direction de diplomates britanniques et américains avec le président Saleh, mais elles avancent péniblement. Concrètement, les négociations porteraient sur le statut des membres de sa famille qui sont au pouvoir en cas de démission, comme l'immunité, l'asile à l'étranger et le rôle du vice-président.

Des analystes disent que le président Saleh ne sait plus sur quel pied danser et qu'il ne faudra guère de temps avant qu'il démissionne. Il a perdu le soutien d'une grande partie de l'armée comme celui de puissantes tribus et d'importants hauts dignitaires religieux.

Plus que d'autres pays, le Yémen est un foyer de milices et de clans violents, et une médiation étrangère est totalement impossible selon les analystes.

Mes questions au ministre sont les suivantes :

Les conventions bilatérales de notre pays avec le Yémen sont-elles compromises ? Je pense notamment à la convention en matière de protection réciproque des investissements et en matière de transport aérien.

Y a-t-il encore des Belges au Yémen à l'heure actuelle ?

Des diplomates britanniques et américains joueraient un rôle dans les négociations entre l'opposition et le président Saleh. L'intervention des diplomates britanniques à Sana'a fait-elle l'objet de discussions avec le Service européen d'action extérieure (SEAE) ?

Quelle est l'évaluation de la part d'Al Qaeda dans l'agitation contre le gouvernement ?

Le Yémen entretient de bonnes relations diplomatiques avec l'Iran et soutient entre autres ouvertement les ambitions nucléaires de Téhéran. La moitié des Yéménites sont chiites. Y a-t-il des indications d'ingérence du régime iranien dans les récentes insurrections ?

Réponse reçue le 20 juillet 2011 :

En ce qui concerne la situation des Belges et l’avis de voyage des Affaires étrangères, je vous renvoie à ma réponse à une question orale similaire dans la Commission des Relations extérieures de la Chambre le 4 mai 2011. L’ambassadeur de Belgique basé à Ryad est en contact permanent avec la communauté belge sur place et ceci en coopération avec notre consul honoraire au Yémen. Les mesures nécessaires ont été prises en coopération avec l’ambassade des Pays-Bas et l’ambassade de France à Saana. Les traités bilatéraux entre notre pays et le Yémen en ce qui concerne la protection réciproque des investissements et le transport aérien ne sont pas mis en péril jusqu’à nouvel ordre.

La Haute Représentante de l’Union européenne, Mme Catherine Ashton a participé les 19-20 avril 2011 au sommet du GCC (Gulf Cooperation Council) à Abu Dhabi et a insisté ensuite, à travers plusieurs contacts avec le président Saleh, sur sa responsabilité d’agir dans l’intérêt de son pays. La proposition du GCC prévoit que le président Saleh se retire dans les trente jours de la signature de l’accord. Le 22 mai 2011, pour la troisième fois, le président Saleh n’a pas signé la proposition. Les monarchies du Golfe ont suspendu le même jour leurs tentatives de médiation dans la crise au Yémen. L’UE avait soutenu l’accord négocié par le GCC. Le 23 mai 2011, avec mes collègues européens, j’ai appelé le président yéménite à respecter ses engagements en faveur d’une transition immédiate. De plus, l’Union européenne et ses États-membres ont décidé de revoir leurs politiques envers le Yémen en fonction des développements.

En ce qui concerne le rôle de tiers dans les troubles au Yémen, je dois dire qu’il n’existe pas d’éléments incontestables qui prouveraient une implication directe soit d’Al-Qaïda, soit de l’Iran. Il est néanmoins probable que l’Iran tente de faire progresser son agenda politique local.

AQAP (Al Qaeda in the Arabian Peninsula) bénéficie de l’anarchie croissante au Yémen et les trois plans terroristes importants contre les USA trouvent leur origine dans AQAP (le 'underwear bomber', Fort Hood et la cartouche d’encre). Il est exact que plusieurs villages de la province yéménite d’Abyan sont tombés aux mains de groupes affiliés à Al Qaïda.